Pour redémarrer le blog en douceur, un petit article sur le jeu mobile Fate/Grand Order, célèbre aussi bien pour ses waïfus que pour son inexplicable absence des stores Apple et Google européens. Plus que de parler du jeu en lui-même (sachant que je n'y joue pas, pour un raison expliquée plus bas), c'est à cette interrogation que je vais tenter de répondre.
Pour rappel, Fate/Grand Order est un RPG free-to-play online (avec système de micro-transactions et loot box) développé par DELiGHTWORKS et édité à l'été 2015 par Aniplex. Comme son titre le laisse deviner, le jeu s'inspire de l'univers Fate/stay night, créée par TYPE-MOON, dans lequel des Masters (mages) invoquent et commandent leurs Servants (esprits héroïques des temps anciens, mais pas que) dans la grande guerre du Saint-Graal, relique sacrée capable d'exaucer les souhaits les plus fous. La saga jouit d'une énorme popularité au Japon, mais aussi dans le monde entier. Voyant que de très nombreux joueurs étrangers accédaient au jeu, les producteurs décidèrent de le rendre accessible en dehors de l'archipel nippon.
Ainsi, Fate/Grand Order débuta son aventure internationale par la Chine en octobre 2016. Hong Kong, Macao et Taiwan suivirent en mai 2017. Le jeu s'occidentalisa vraiment le mois suivant, en juin, avec un lancement en fanfare en Amérique du Nord et au Canada, textes traduits en anglais à l'appui. On pouvait dès lors s'attendre à une sortie européenne dans la foulée, dusse-t-elle être uniquement dans la langue de Shakespeare. La Corée du Sud fut servie en novembre 2017, et la version anglaise rendue accessible en Australie, à Singapour, aux Philippines, au Vietnam et en Thaïlande en avril 2018.
Mais toujours rien en Europe. Nada. Que dalle. Aucune commentaire, aucune annonce, comme si nous n'existions tout simplement pas. En cherchant, j'ai quand même pu glaner quelques éléments :
- Dans une interview mise en ligne en juillet 2017 sur RPG Site, et à la question "Comptez-vous étendre la disponibilité du jeu à d'autres territoires tels que l'Europe et l'Asie du Sud ?", le producteur Iwakami Atsuhiro à répondu positivement, tout en déclarant devoir faire face "à de nombreuses difficultés, les plus contraignantes étant les lois locales";
- On peut voir, sur le site de l'EUIPO (Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle), que Fate/Grand Order est une marque déposée en Europe.
Voilà, c'est à peu près tout. Bien évidemment, les CM des pages officielles Facebook et Twitter font la sourde oreille à toute tentative de discussion, idem du côté du service client qui ne peut "qu'être désolé que le jeu ne soit pas disponible dans mon pays". Il est du coup virtuellement impossible d'avoir la moindre information, d'autant qu'à mon plus grand regret, à peu près tout le monde (aussi bien les sites traitant du jeu vidéo que les joueurs eux-mêmes) semblent s'en moquer royalement, sans doute car il est possible de jouer aux version anglaise et japonaise en passant par l'application QooApp. Evidemment, je pourrais faire pareil et fermer ma bouche. Je pourrais simplement considérer QooApp tel un adaptateur comme au temps de la Super Nintendo. Mais je m'y refuse, car ce serait cautionner le manque de respect et de considération des développeurs et éditeur à notre encontre. Je rappelle, à tout hasard, que l'Europe, en plus de définitivement compter dans le monde du jeu vidéo, est une usine à Servants, dont les plus célèbres waïfu que sont Jeanne "Ruler" d'Arc et Arthur(ia) "Saber" Pendragon. Etant donné que les développeurs piochent allègrement dans notre Histoire pour créer leurs personnages, j'ai la faiblesse d'estimer que nous méritons au minimum une explication sur le pourquoi du comment le jeu n'arrive pas sous nos latitudes.
Et donc, que penser de tout ça ? Arrêtons-nous quelques instants sur les propos d'Iwakami Atsuhiro, seul élément tangible de cette histoire. Le producteur mentionne en effet des "lois locales contraignantes". De quoi parle-t-il précisément ? Des personnages historiques du jeu dont l'exploitation ne serait pas autorisée ? De la nudité partielle de certains Servants qui nécessiterait censure ? Des lois relatives au jeux de hasard ? Les deux premières possibilités sont peu probables à mes yeux vu ce qu'on peut trouver sur les stores. La troisième est la plus plausible, même si la polémique européenne des loot boxes est postérieure à l'interview. Et quand bien même, comment expliquer que Bandai Namco, Klab Games ou encore Square Enix, pour ne citer qu'eux, réussissent à sortir le même type de jeu (gacha games) en Europe ? Bon, il est vrai que le récent Dragon Ball Legends a été retiré des stores belges, mais il reste bel et bien accessible ailleurs.
Au final, je pense que c'est un peu tout ça qui empêche la sortie européenne de Fate/Grand Order. Je pense qu'Aniplex souhaitait vraiment nous inviter dans cette aventure (croyez-moi, je préférerais mille fois qu'ils nous méprisent pour les mépriser en retour, ce serait tellement plus facile), je pense qu'ils se sont heurtés à divers problèmes d'ordre légal, et je pense qu'ils n'ont pas souhaité pousser plus loin - car après tout, je pense qu'ils nous méprisent quand même un tout petit peu =)
Plus précisément, j'ai une théorie fondée sur une différence notable entre la version japonaise et la version "globale" de Captain Tsubasa (Tatakae) Dream Team : la possibilité, en jouant à notre version, d'obtenir 3 pierres d'invocation (Dreamballs) supplémentaires par jour, et ce gratuitement, via un système de publicités à regarder. C'est très bien, on est content, mais n'est-ce pas un peu "gros", surtout considéré leur prix dans le shop ? Et si cette générosité cachait en fait une espèce de compromis nécessaire à la sortie du jeu en occident, sachant que le taux de probabilité de tirer un personnage SSR varie de 3 et 5% selon les portails d'invocation ? Dès lors, on peut imaginer que Fate/Grand Order, de base bien moins généreux en pierres et avec une probabilité ne dépassant pas les 1% (à ce qu'on m'a dit), soit confronté au même problème, Et qu'à la différence de Klab Games, Aniplex ne souhaite faire aucun compromis...
Voilà pour cet article. Aucune réponse, juste un point de vue, à confirmer ou infirmer. En espérant toutefois connaître un jour la vérité sur cet oubli européen aussi embêtant que contextuellement ridicule.